Être peintre. Pas seulement faire de la peinture mais un idéal de vie. J'ai commencé en solitaire. Partir à zéro. Fabriquer les châssis, les supports. Recouvrement, sédimentation, érosion, mise à l'épreuve,  outrages plastiques, souvent à la limite de résistance du matériau...

 

Un jour, les constituants de la peinture se sont transfigurés. Elle est devenue narrative. En quête de l'émotion, j'ai exploré des grands thèmes : Passion du Christ, Œdipe, Annonciation, Adam et Eve, David… J'ai fabriqué de grandes machines pour une peinture d'histoire.

 

Puis la surface plane des tableaux ne me comblait pas. Pour avoir les mains pleines je suis devenu sculpteur. Avec l'argile j'ai modelé des personnages. Pour qu'ils soient plus solides je les ai fondus en bronze. Dans des troncs d'arbres j'ai taillé des hommes et des femmes, grandeur nature. Tout cela prenait trop de place dans l'espace et dans la tête.

 

Alors j'ai voulu plus de légèreté. Revenir au dessin, faire des films avec. Plus immatériel encore : la poésie – celle qu'on récite par cœur et qu'on active en la partageant – , le théâtre, le chant, l'écriture… Je ne renie rien et parcours tous ces territoires en sens inverse quand le désir m'en prend.