Être artiste. Ça veut dire quoi, au juste ? On explore, on cherche. On ne sait pas ce qu’on trouve. Une émotion ? Un manque à combler ? Quelque chose de plus intense que la vie de tous les jours ? En amont du partage, on agit d’abord pour soi, par nécessité intérieure. Quitte à passer pour amateur et n’être pas reconnu comme professionnel. Mais fait on la chose avec moins de zèle par amour que pour d’autres raisons ?
J’ai gagné ma vie comme enseignant et chercheur et me suis passionné pour ce travail. Accompagner des étudiants en quête d’un chemin suppose d’être soi-même dans une démarche d’artiste et la posture de chercheur engage à la questionner. En revanche, le métier de professeur ne laisse pas tout le temps et toute l’énergie qu’on voudrait pour créer. Ce n’était pas un choix, simplement une destinée que j’ai souvent vécue comme une frustration. Rétro-spectivement, j’y vois aussi une chance.
Le fil ne s’est jamais rompu. Créer a toujours été au centre de ma vie. Ayant été un artiste discret, j’ai aussi profité de la plus grande liberté. Je n’ai rien à prouver, ni l’attente de personne à satisfaire. Je fais ce qui me semble important, ce que j’aime. La notoriété donne sûrement des ailes. Mais à quel prix ? L’authenticité y résiste-t-elle vraiment ? Les encouragements d’un cercle plus intime et ma validation artistique indirecte comme enseignant-chercheur ont suffi à ma légitimité. Enseigner l’art et tenter d’élucider les processus de son instauration m’ont aussi permis de mieux me guider dans mon aventure créatrice et je continue ce que je n’ai jamais cessé de faire : l’art sous de multiples formes.
Ivan Toulouse
Mis à jour le 29 mai 2024